
Je suis fatiguée, je suis découragée. J’aimerais que les choses soient simples. Tout me parait tellement compliqué, demande tellement d’efforts. Je suis fatiguée et j’ai envie de rentrer à la maison. J’ai envie de retrouver mon jardin avec mes arbres, la rosée dans l’herbe le matin, la brume et le brouillard, l’odeur des bois mouillés quand il pleut. J’ai envie de retrouver le cycle des saisons que je connais. Je suis épuisée de devoir m’adapter à tout. Je n’en peux plus.
Où est cette soit disante si grande force intérieure ? Pourquoi est-ce quand je veux le plus converser avec mes guides que je n’y arrive pas ? Pourquoi cette tristesse et ce désespoir n’en finissent-ils pas de couler ? Je suis sensée accueillir et les laisser me traverser, mais j’ai l’impression que cela me reste lourdement sur le cœur.
Dis-nous pourquoi tu es triste.
Je suis triste parce que j’ai envie de rentrer à la maison, la nature qui m’est familière me manque, le jardin me manque. Je suis triste de ne pas avoir de nouvelles de mes amies, si ce n’est pas moi qui appelle elles ne le font jamais, elles ne prennent pas le temps. Je suis triste que mon compagnon m’ait quittée parce que ses besoins sexuels étaient supérieurs à son amour. Je suis triste parce que je me sens isolée et coupée de tout ce à quoi je tenais. Je suis triste parce que je n’arrive pas à voir la beauté dans ce qui m’entoure. Parce que je suis découragée par la montagne devant moi. Je suis triste parce que je n’ai pas de raison de me lever le matin.
Et tu n’as pas envie de tester la gouache et le pastel ?
Si, mais quand ? Et avec quel matériel ? Mon emploi du temps est complet, je ne vois pas quand est-ce que je peux avoir le temps d’aller à un atelier.
Tu devrais essayer, ça te ferait du bien. En effet, comme tu l’as lu, l’art est une bonne façon de canaliser le surplus d’émotions, surtout quand on est hypersensible comme toi. Ça t’aiderait à te poser, à mettre des couleurs dans ta vie, littéralement, à t’exprimer comme tu en as envie, sans filtre et sans nuances. Tu peux essayer des choses qui ne correspondent pas à la norme. Peindre des arbres bleus ou roses, des fleurs vertes. Le ciel en bas, la terre en haut. N’importe quelle fantaisie, juste pour le plaisir. Pas besoin de savoir dessiner, comme tu dis. Juste te laisser inspirer. Et si ce qui sort est sombre ou violent, ce n’est pas grave, c’est que cela a besoin de s’exprimer. Laisse alors la place à l’expression de ces énergies lourdes pour les transmuter. Tu peux aussi t’amuser à mélanger les techniques, comme tu as vu dans le livre. Tu devrais noter tes idées.
Oui, il y en a certaines que j’aimais bien, l’effet miroir au pastel, le motif fait au papier alimentaire. Le jeu aquarelle/gouache grasse. Ça a l’air rigolo, pas trop compliqué à faire et donnant un résultat sympa. Même s’il faut que je trouve encore comment combiner les techniques.
Tu sais, je n’ai pas envie d’aller travailler demain. Je n’aime pas trop ce que je fais en ce moment.
Ça te demande plus d’énergie que d’habitude parce que cela ne te correspond pas. Tu as envie de créer, pas d’appliquer. Il te faut faire quelque chose de nourrissant à côté. Force toi un peu au début, puis tu verras que ça deviendra vite salvateur. Méditer n’est plus suffisant. Tu brasses trop d’énergies et trop d’émotions en ce moment de par ton processus de guérison. Tu es en effet dans une phase de libération de tout ça, il te faut évacuer, transformer, transmuter. Pour cela il n’y a pas 36 milles solutions, tourne toi vers l’art pour exprimer tout ce que tu ne sais libérer.
Les mots sont biens, car jusqu’à maintenant ils t’aidaient beaucoup pour libérer certaines émotions. Mais en réalité ils deviennent insuffisants, car ils ne peuvent traduire que ce dont tu es consciente. Dans ton processus de nettoyage, de très nombreuses énergies sont inconscientes ou bien ressortent en émotions que tu ne peux transcrire avec les mots. Ils sont trop limités et ne te permettent pas de laisser les choses sortir brutes. Or tu n’as pas besoin de tout comprendre, ni de tout décortiquer, le processus sera moins douloureux et plus léger sans ça. C’est pour ça que tu n’es plus trop inspirée pour écrire. Mais que tu sens ce besoin de créer et cette frustration à ne pas pouvoir le faire.
Ecoute cet appel, donne toi le temps de créer, donne toi le temps de t’amuser. Ton bien être devrait être une priorité. Surtout si tu n’arrives à te lever pour une bonne raison. En voici une.
***
Mais tu vois, j’ai beau avoir dessiné, et enfin fini ce dessin que j’avais commencé, je me sens méga frustrée. J’ai une boule dans la gorge et ça coince.
Tu as des énergies plus violentes en toi qui ont envie de s’exprimer mais que tu n’oses pas laisser sortir.
J’ai beau essayer, ça sort encore et encore et encore. Et je suis fatiguée avant d’avoir fini de les exprimer !
Tu as des années de souffrances rentrées à évacuer, donne toi le temps, petit à petit. Même si tu sens que tu t’arrêtes dans ton élan, que tu as encore des choses à dire, ne te forces pas. Vas-y doucement, avec amour envers toi-même et pas avec rage envers la vie.
Ne confonds pas les émotions et énergies que tu canalises avec ce que tu es. Ne te laisses pas envahir inconsciemment par ses énergies refoulées. Laisse-les s’exprimer, laisse-leur la place d’exister, mais ne les laisses pas te contrôler et contrôler ton comportement face à la vie. Elles font partie de toi parce que tu les as cristallisées en toi, mais elles ne te définissent pas. En revanche, la façon dont tu choisis de leur donner corps te définit. Tu peux le faire en exprimer ta rage, ta souffrance et ta colère envers la vie, et du coup le reporter violemment sur autrui. Ou bien tu peux choisir d’utiliser ces énergies pour créer, pour expérimenter les techniques d’art qui t’intéressent, pour le transmuter en quelque chose d’autre.
Nous savons que tu préfères la deuxième méthode, mais il est bien d’en être consciente. De savoir que ce que tu fais sur le plan matériel à des impacts sur le plan énergétique, et plus particulièrement que cela fait partie de ton processus de guérison, de libération des lourdeurs et émotions refoulées que tu as en toi, et qui plombent tes énergies.
Qui empêchent à ta si jolie âme de rayonner. Bien que tu ais du mal à y croire. Ne t’inquiètes pas, un jour tu la verras de tes propres yeux. Le jour où tu seras prête à le réaliser sans être trop effrayée. Le jour où tu seras prête à accueillir ta propre lumière et la respecter, l’aimer avec douceur sans la rejeter. Parce qu’il est vrai qu’il n’est pas si facile d’accueillir la lumière, surtout quand l’on a peur de rayonner et de se faire remarquer. Tu manques sérieusement de confiance en toi par rapport à ça. Aussi laisse toi le temps, tranquillement, de faire de la place.
Mais voilà pour faire de la place, il faut parfois, souvent même, faire du ménage, du tri, purifier, transmuter tout ce qui n’a plus sa place. Il faut parfois même détruire pour laisser l’espace à la construction du nouveau, détruire les édifices qui sont devenus obsolètes et qui n’étaient en réalité que temporaires. Car la vie est mouvement. Et en réalité, pour pouvoir ajouter des étages à un édifice, il faut que les bases soient solides. Aussi mieux vaut-il détruire un immeuble branlant et recommencer, plutôt que de lui ajouter un étage, puis un autre, jusqu’à ce qu’il s’effondre sans prévenir. C’est une forme de sagesse tu sais, même si elle est dure à accepter. Je pense que tu sauras remercier ton âme pour ça, le jour où tes fondations seront solides et où tu seras sereine, tu verras.
30 novembre 2015